Lieu

Salle VICTOR HUGO
101 Rue de l’Université
75007 Paris

Date

Jeudi 17 Novembre

2022

Contexte

Nous sommes en décembre 2050, et le monde est sur le point de basculer. La montée des eaux, la multiplication des ouragans, les records de chaleur et les épisodes de froid polaire contraignent les hommes à repenser leur rapport au monde. Le péril climatique est désormais imminent alors qu’au 15 août 2050 la température atteignait 45° à Paris et 51° à Nîmes.

Comment sauver la planète sans sacrifier nos libertés individuelles ?

Le scénario :

Très prochainement doit se tenir en France la Conférence de Roubaix sur le péril climatique, également 28e conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP 28). À cette occasion, des délégations du monde entier doivent signer le futur accord de Roubaix sur le climat, texte de droit international le plus ambitieux jamais élaboré proclamant un état d’urgence climatique mondial et conférant à l’ensemble des États signataires des pouvoirs étendus et dérogatoires pour sauver l’humanité de l’extinction. Il permet entre autres à des commissions scientifiques instaurées au sein des États de prendre des décisions par décret dans le domaine climatique et de procéder dans certains cas extrêmes à des nationalisations et démantèlements.;

C’est dans ce contexte pour le moins chaotique qu’un évènement sans précédent vient distraire quelques instants les hommes du péril qui les menace : le centre technique de recherche sur la physique des particules (CTR2P) vient de réaliser une percée cruciale dans ses travaux relatifs au voyage dans le temps. Pour être honnête, le centre n’est pas pour grand-chose dans cette prouesse qui semblait jusqu’alors relever de la science-fiction. Ses laboratoires ont en effet reçu la visite d’un voyageur
temporel ! Le professeur Vigi – c’est le nom du mystérieux voyageur – indique qu’il est lui-même chercheur au CTR2P, mais 170 ans dans le futur, en 2220. Le tableau que brosse le professeur Vigi du futur n’est pas particulièrement réjouissant et décrit un monde ayant tant bien que mal réussi à « sauver les meubles » face au péril climatique grâce à la signature de l’accord de Roubaix. Les hommes vivent
majoritairement dans des villes hyperconnectées, écologiquement vertueuses et respectueuses de l’environnement. Cependant, pour obtenir un tel résultat, il a fallu accepter de sacrifier des territoires entiers où la pollution nécessaire au fonctionnement de ces villes a été en quelque sorte « délocalisée ».

Surtout, les villes sont gouvernées par des sachants, techniciens et experts. La notion même de liberté individuelle est tombée en désuétude. Il ne s’agit pas à proprement parler de dictature et cette forme d’organisation de l’État n’a rien à voir avec les grands totalitarismes du xxe siècle : pas d’adhésion à une idéologie, pas de culte du chef, pas d’élimination des opposants… Les experts, guidés par des modèles scientifiques, sont directement au pouvoir, et cherchent avant tout l’efficacité dans la mise en oeuvre de leurs politiques publiques.

Le professeur Vigi, nostalgique de la démocratie, est venu mettre en garde l’humanité : la recherche de l’efficacité dans la lutte contre le réchauffement climatique ne doit pas se faire au prix des libertés individuelles des citoyens. Il faut à tout prix renoncer à la signature les accords de Roubaix. Cependant, et c’est bien là qu’est la difficulté, le professeur Vigi n’a rien à promettre ou à offrir. Dans le futur qu’il connaît, les hommes ont sacrifié leurs droits fondamentaux, mais en payant ce prix ils ont sauvé l’humanité. Dans le futur alternatif qu’il propose, la lutte contre le réchauffement climatique serait nécessairement moins efficace, puisque contrainte par la nécessité de respecter les libertés
individuelles. Cette option ne risque-t-elle pas de conduire l’humanité à sa perte ?

Très vite, le débat passionne les foules : faut-il signer ou non l’accord de Roubaix sur le climat ?
En amont de la conférence de Roubaix, les chefs d’État et de gouvernement décident de saisir la Cour des droits et libertés. Le recours au principe de l’audience semble d’autant plus pertinent que lors de la précédente COP, les États parties avaient décidé de reconnaître la personnalité juridique à la planète. La Terre serait donc pour la toute première fois représentée à une instance pour défendre ses intérêts.

La cour va donc se réunir pour trancher une question d’une difficulté sans précédent : s’y jouent tout à la fois la survie de l’humanité, la préservation des droits fondamentaux des individus, la protection de la planète et le modèle moderne d’organisation de la société autour du libéralisme.

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